Rintaro, le sombre merveilleux

Rintaro, le sombre merveilleux

Par Philippe Bunel

Rintaro, le sombre merveilleux

A l’occasion de la sortie de Yona, la légende de l’oiseau sans aile.


Rintaro fait partie des pionniers de l’animation japonaise. Il a débuté à Mushi Production, La compagnie de Tezuka Osamu, en tant qu’animateur puis réalisateur. Mais il a surtout co-créé en 1972 le studio Madhouse, qui demeure  l’un des plus prestigieux du Japon.

Principalement axés sur les adaptations, Rintaro oscille entre séries et films qui connaitront, pour la plupart, un succès international. De Albator ou Galaxy Express 999 (d’après Matsumoto Leiji), à Metropolis (d’après Tezuka Osamu) en passant par X 1999 (d’après Clamp) il a adopté de nombreux styles tout en imposant sa pâte de cinéaste.

Rintaro possède une thématique récurrente : La découverte d’un nouveau monde à travers le regard d’un enfant. Chaque enfant (ou adolescent) vit une aventure riche parsemée d’épreuves pour finalement murir et forger sa personnalité. Il s’agit d’un procédé scénaristique efficace car il implique directement le spectateur qui s’identifie tout en découvrant ces nouveaux univers. De ces lieux oniriques à la logique hors norme, ou clarté et obscurité se confondent, émergent les doutes de ses personnages.

S’il reste généralement fidèle aux œuvres originales, Rintaro se plait à mettre en scène tous ces mondes aussi merveilleux qu’inquiétants. Avec un aspect très contemplatif et des ambiances très pesantes, il flirte entre la poésie macabre et les contes satiriques relevant plusieurs thèmes principaux de la culture manga : la jeunesse volontaire, le dépassement de soi, l’implication de la machine …

Son dernier film, Yona, la légende de l’oiseau sans aile, rappelle son court métrage de l’omnibus Manie Manie. En effet, les deux films sont des œuvres personnelles se basant sur une petite fille solitaire et rêveuse plongée dans un monde tantôt merveilleux, tantôt ténébreux mais dont l’enchantement ne décroit jamais.

On constate alors une grande évolution dans sa mise en scène.  Depuis Mushi Production,  il a su pallier au manque d’argent (propre aux productions nippones), grâce à l’utilisation d’un montage serré, de trucages de profondeur de champ ou d’univers sonores riches. Soyons francs, la première série d’Albator à subi le poids du temps (contrairement a Conan le fils du futur de Miyazaki Hayao, diffusée la même année) mais elle permet de voir à quel point les animateurs redoublaient d’inventivité pour soutenir un rythme, dynamique tout le long d’une série. De plus, Rintaro a toujours iconisé ces personnages mettant en valeur leurs actes et leurs représentations. On se souviendra de la série Alexander (d’après Peter Cheung) où le célèbre conquérant est sublimé lors des batailles titanesques. Aujourd’hui Rintaro profite de l’évolution des techniques pour assouvir ses désirs esthétiques. S’il avait expérimenté la 3D avec Metropolis en 2001, il a aussi donné une nouvelle jeunesse à Albator en 2004 avec Herlock, The Endless Odyssey réalisé avec des techniques 2D récentes. Avec Yona, la légende de l’oiseau sans aile, il passe un nouveau cap, celui de la 3D, pouvant ainsi créer des mouvements de caméra qu’il n’a jamais utilisé auparavant.

L’approche de Rintaro est généralement brutale. Si les émotions des protagonistes sont torturées par des choix toujours déterminants, l’action est directe et souvent violente. Les actes sont extrêmes et les situations s’enchainent resserrant les personnages dans un étau dont il est dur de s’extirper. Le malaise se ressent, alors appuyé par un rythme souvent étouffant, parfois même  lassant. Mais si l’idée de mort peut planer sur ses films, c’est surtout pour éprouver ses héros qui peinent toujours à atteindre leurs buts. Yona est une œuvre différente car elle vise un très jeune public, mais l’image reste toujours très sombre. La nuit inspire Rintaro car c’est là où l’on se sent le moins en sureté, mais c’est aussi là que la distinction entre le bien et le mal est plus ambiguë.

Que ce soit des films d’action avec des ninjas ou des jeunes télépathes, de la science fiction avec un balafré ou une cité totalitaire, une histoire épique ou bien même de la fantaisie, Rintaro se ballade à travers les genres. Il teste et prend des risques avec des œuvres parfois peu accessibles, mais toujours surprenantes. Ces expérimentations 3D attestent de l’évolution de son cinéma. Il s’agit d’une envolée qui le détache de l’animation japonaise, très fière de son passé en 2D.

Finalement, les œuvres de Rintaro s’inscrivent dans le temps, mais il est aussi celui qui a toujours laissé une place dans sa filmographie aux œuvres de ses ainés mangakas tels que Tezuka, Ishinomori ou Matsumoto. Mais cela ne l’a pas empêché de développer des projets avec des jeunes talents prometteurs incluant Otomo Katsuhiro (réalisateur d’Akira) et ainsi de rapprocher les différentes générations liant patrimoine culturel et nouvelles techniques.

Filmographie sélective :


- Yona, la légende de l’oiseau sans aile, (Yona Yona Penguin)

Fim de 2010, 87 min

Studios : MadHouse, Denis Friedman Production

- Herlock the endless odyssey (Captain Herlock Revival – Endless Odyssey)

Serie de 2004 d’après Matsumoto Leiji, 13 épisodes de 25 min

Studio : MadHouse

Note : Hommage à la première série d’Albator, c’est la 4eme collaboration entre Matsumoto et Rintaro

- Metropolis (Osamu Tezuka’s Metropolis)

Film de 2001, d’après le manga de Tezuka Osamu, 107 min

Studio : Madhouse

Note :  Ce film est le plus aboutie du réalisateur, son plus gros projet, totalisant 5 ans de production.

- Alexandre le Grand (Alexander)

Serie de 1998, d’après  Hiroshi Aramata et Peter Cheung 13 épisodes de 25min

Studio : Madhouse

Note : Rintaro supervise la production de cette série. c’est sa deuxième collaboration avec Hiroshi Aramata.

- X 1999 (X-The Movie)

Film de 1996, d’après le manga de Clamp

Studios : Kadokawa group, Madhouse

Note : Le co-créateur du Studio Madhouse, Kawajjiri oshiaki, réalisera par la suite la série animée.

- Final Fantasy – Legend Of The Crystals

OAVs de 1994, d’après l’univers développé par Square Enix (Square soft), 4 OAVs de 30 min

Studio : Madhouse

- Megalopolis (Teito Monogatari)

OAVs de 1992, d’après Hiroshi Aramata, 4 OV de 40 min

Studio : Toei animation

Note : Rintaro supervise la réalisation de la série adaptée d’un film live joué par Katsu shintaro.

- Manie Manie, les histoires du Labyrinthe (Manie-Manie : Meikyuu Monogatari)

Film omnibus de 1986, de Otomo Katsushiro, Rintaro et Kawajiri Yoshiaki, 50 min

Studios : Madhouse, Kadokawa Haruki production

Note : Rintaro réalise le segment en deux parties, Labyrinthe, qui introduit et conclu le film. C’est aussi sa première œuvre personnelle.

- L’épée de Kamui (Kamui no ken)

Film de 1985, d’après  Tetsu Yano, 132 min

Studio : MAdhouse, Kadokawa Haruki production

Note : Kawajiri Yoshiaki (Ninja Scroll) et Morimoto Koji (Memories, Animatrix) sont crédités au générique.

- Harmageddon (Genma Taisen)

Film de 1983, d’après Ishinomori Shotaro et Kazumasa Hirai, 135 min

Studio : Kadokawa Haruki Production

Note : Première collaboration avec Otomo Katsuhiro.

- Galaxy Express 999 (Ginga Tetsudou 999)

Film de 1979, d’après Matsumoto Leiji, 128 min

Studio : Toei Animation

Note : Premier long métrage de Rintaro réalisé à l’époque où les films animés japonais étaient rares. Ce film reprend le thème de la robotique, il est précurseur au mouvement  « Cyberpunk » qui fera son entrée dans les années 80.

- Albator 78 Le corsaire de l’espace (Uchuu Kaizoku Captain Harlock)

Série de 1977, d’après Matsumoto Leiji, 42 épisodes de 25 min

Studio : Toei animation

- Les Moomins (Tanoshii Moomin Ikka)

Série de 1970, d’après  Jansson Tove. 104 épisodes de 25 min

Studio : Telescreen

Note : A la réalisation du premier épisode, Shigeyuki Hayashi prend le pseudonyme de Rintaro.

- Leo Roi de la jungle (Shin Jungle Taitei Susume Leo).

Série de 1965, d’après l’œuvre de Tezuka Osamu. 52 épisodes de 25 min

Studio : Mushi Production

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