Les chevaliers du Zodiaque – La légende du sanctuaire. CRITIQUE

Les chevaliers du Zodiaque – La légende du sanctuaire. CRITIQUE

Enfin les dieux sont avec nous et sur grand écran !

Dire qu’on attendait ce film ne serait qu’euphémisme tant la folie qui ronge les fans (dont je fais partie) est toujours plus maladive. Economiquement, Saint Seiya est le Star Wars japonais ! Mangas et animés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le nerf de la guerre est constitué des produits dérivés à n’en plus finir, toutes ces figurines vintage, ces Myth Cloth, Myth Cloth EX, gashapons… Le tout dans chaque version des armure de chaque personnage, de chaque médium… Cette saga a toujours réussi à se relancer grâce à de nouvelles séries de mangas conduisant à d’autres animés et films, et toujours sous la houlette du seigneur Masami Kuromada, Ô le grand créateur qui ne peut se séparer de son univers infini. De quoi se perdre dans toutes ces constellations !

Mais voilà, Saint Seiya Legend of the Sanctuary, le sixième de la saga, est le premier qui se démarque de tout ce qui a été produit jusqu’à présent : C’est un reboot du meilleur passage de la saga originelle, celui où, pour sauver Athéna, l’équipe des chevaliers de bronze traversent le Sanctuaire en affrontant 12 chevaliers d’or. Donc pas d’inquiétude si des termes comme « Pegasus Ryu Sei Ken » ou « Crystal Wall » ne vous disent rien, le long métrage s’adresse plus aux profanes qu’aux fans !
Cette fois, Kuromada, producteur, s’est personnellement impliqué dans la création du film, comme c’est à la mode ces derniers temps pour les auteurs de manga Shonen (One Piece, Naruto, Dragon Ball Z…).

Aussi, le film est en image de synthèse, et donc extrêmement attendu au tournant ! Je ne voyais pas d’objection surtout que ces beaux combats aux pouvoirs merveilleux et aux armures complexes méritaient bien des plans totalement libres. Et ça fonctionne ! Les textures des armures, les reflets, les expressions, le pari est tenu. Malheureusement, rien de bien transcendant surtout quand un certain Albator est passé par là un an avant. Et soyons honnête, le film ne fait même pas rougir Final Fantasy Advent Children sorti il y a 10 ans. Mais l’enjeu est tout autre. Animer de pareilles armures est extrêmement difficile surtout qu’elles sont très nombreuses. Les scènes d’action sont fluides, les mouvements bien lisibles et niveau spectacle, le film vaut le détour. Mention spéciale pour les impacts et les nombreux détails comme l’usure des armures.
Le film bénéficie également d’une bande originale qui soutient parfaitement l’action tout en restant dans la lignée des symphonies de Saint Seiya. Lorsque vous découvrez un magnifique Sanctuaire suspendu avec de pareilles musiques au cinéma, c’est le frisson garanti !

Vous l’aurez compris, techniquement ça tient la route. Maintenant je vais prendre le taureau par les cornes : Ce n’est pas le film qu’il fallait faire !
Déjà, une heure trente c’est bien trop court ! Le passage du Sanctuaire avait 73 épisodes à lui seul ! Cette erreur, on la doit au George Lucas du manga, Kuromada, refusant la demande du producteur de faire deux heures. Ça laisse donc peu de place pour raconter une histoire qui se veut aussi épique. Du coup, telle « l’Excalibur » du Capricorne, on tranche dans la bobine ! il faut foncer, pas le temps de s’offrir des envolées lyriques, on enchaîne les explications et l’action puis on bâcle TOUS les personnages !
Et là c’est impardonnable ! Saint Seiya fait partie de ces rares séries qui proposaient des personnages ultra charismatiques appelés à devenir des références pour les séries à venir. Ce concept génial de la hiérarchie, des codes couleurs et autres pouvoirs faisait rêver au point qu’on s’identifiait tous à un signe ou à un des caractères. Tout n’était pas parfait, et souvent l’auteur allait tellement loin que ses archétypes devenaient des stéréotypes. Mais fallait lui accorder que ce mélange subtil de mythologie grecque, de Sentai et de Shonen apportait une magie nouvelle ! De plus, le passage du Sanctuaire, alors repris dans moult mangas tel que Bleach, relevait du génie ! Et ce chara-design de Shingo Araki qui surpassait de loin celui de l’auteur… Tout était sublime, bien que long, trèèèèèèèès long !

Avec Saint Seiya Legend of the Sanctuary, c’est l’inverse, le temps est tellement compté que les rares combats contre les chevaliers d’or s’enchaînent très vite. Et quand je dis rares, c’est parce que vous ne les verrez pas tous se battre, voire, vous verrez une attaque ici ou là. On ne peut donc même pas trouver agréable de fait que ces affrontements soient plus rapides tant la frustration reprend le dessus fréquemment. Idem pour leurs maisons qui servaient à leur exposition, ici pas le temps de s’y attarder (ha, les pauvres fans de la Vierge, des Gémeaux ou du Poisson). Vous l’aurez compris, la sacralisation des signes et des guerriers, on s’en cogne !
Seul Seiya est à peu près « caractériel », c’est un d’jeun qui fait son excentrique. Wouahou ! A la rigueur Shiriyu, parce qu’il ne veut jamais enlever son armure… Bon ok c’est nul, mais pour le reste, c’est le néant ! Même Athéna n’est plus qu’une gourdasse qui passe son temps à être étonnée et à exprimer la même onomatopée de surprise… Elle offre même un final qui vous fera baisser la tête tellement elle est peu crédible ! D’ailleurs on ne ressent pas du tout cette peur de mourir qu’elle devrait avoir après s’être fait transpercée par une flèche… Surement parce qu’elle N’EST PAS SOUFFRANTE OU DANS LE COMA ! Où est réellement l’enjeu ? Où sont les émotions ?
Mais bon, fallait bien une dose féminine qui reste tout le long pour rendre ce film plus accessible.

Vous allez me dire que je reste trop dans la nostalgie avec mes comparaisons à deux balles… Ok j’exorcise mon côté vieux schnock… c’est vrai que le film cible vraiment les ados actuels, Seiya est donc plus fun, le métrage est beaucoup plus dynamique et plus High Tech tant les armures sont désormais dans des pendentifs… Non mais voilà une autre blague ! Si les chevaliers portaient leur Pendora Box, c’était pour exprimer le poids de leur armure ! Ainsi le respect s’imposait par le mérite ! Mais cela renvoi à un autre manque cruel dans ce film qu’est la volonté de toujours se dépasser. On revient toujours au timing, pas le temps de se focaliser sur un personnage et ses émois… Même l’arrivé du phénix, normalement très calibrée, arrive à être foirée comme jamais !
Je n’ai rien contre le fait d’adapter un grand classique pour une nouvelle génération, mais là, faut quand même avouer que les rares explications sont survolées. Du coup, de nombreux détails laisseront les profanes sur leur faim, voire dans l’incompréhension la plus totale. Et le film joue aussi sur les clichés que Saint Seiya a véhiculés, et que seuls les fans peuvent apprécier. Du coup, si je comprends bien, c’est un film pour les ados mais qui cible les anciens fans trentenaires ?
Quel foutoir !

En bref, une cinématique d’une heure trente qui vous en mettra plein la vue. Cette nouvelle vision saura peut-être trouver un nouveau public. Les connaisseurs iront surement, mais seront déçus par le fait que le film ne soit qu’une synthèse ratée de leur œuvre préférée. En tout cas, s’il faut le voir, c’est bien au cinéma pour profiter d’une bande son géniale, d’un format Scope trop rare dans l’animation et d’une déferlante d’action jubilatoire.

Philippe Bunel

Les Chevaliers du Zodiaque, la Légende du Sanctuaire
(Saint Seiya Legend of the Sanctuary)
Sortie le 25 février 2015

The Strain – Le Pilote

The Strain – Le Pilote

The Strain, la nouvelle série initiée par Guillermo Del Toro était clairement attendue au tournant par ses fans.  D’une part, parce que le réalisateur du Labyrinthe de Pan réalise ici la première transposition de son univers en série, passage périlleux qui n’a pas réussi à tous les cinéastes, et d’autre part, parce qu’il adapte la série de romans La lignée,sortie il y a quelques années, et co-écrit avec Chuck Hogan. Fait amusant, le réalisateur de Blade 2 avait, à la base, envisagé son histoire comme une série tv, démarchant toutes les chaines durant les années 2000 pour pouvoir la produire. C’était, à l’époque, à cause de leur refus catégorique que le projet s’était transformé en saga littéraire. Quelques années plus tard, c’est finalement la chaine cablée FX (Fargo ou American Horror Story) qui est venue frapper à la porte du cinéaste mexicain pour lui proposer d’adapter ses romans.

Donc l’épisode pilote qui nous intéresse aujourd’hui est réalisé par Del Toro lui même. Il y reprend plus ou moins les chapitres du premier livre. A savoir : l’invasion progressive des vampires dans le monde d’aujourd’hui et tout particulièrement à New York. Elément différent du roman : le ton, clairement plus baroque, et qui dès son prologue, pose les bases d’une série fantastique, assumée en tant que telle,  sans faire dans la « demi-mesure ». J’entends par là, qu’avec tout ce qu’on peut voire comme séries « pseudo » surnaturelles où on traite l’aspect fantastique uniquement par le biais d’un certain réalisme et du mystère, The Strain, elle, tranche vraiment par son atmosphère et son aspect « série B » – Si je mets des guillemets en écrivant cela, c’est que cette expression est utilisée par toutes les critiques de la série depuis sa diffusion. Et ça m’énerve ! – Car, en effet, la série, comme tous les films de Del Toro d’ailleurs, assume pleinement son coté horrifique, se permettant notamment de reprendre les codes du film de vampire (ou de zombies) tel quel, sans vouloir y ajouter un quelconque message social ou autre… Et que c’est ce que, moi, j’apprécie fortement !

A la base, le roman pouvait largement se lire dans ses premières pages comme un récit ancré dans une certaine réalité. Son co-auteur Chuck Hogan, connu pour The town (et étrangement absent de son adaptation tv) n’y était pas étranger, avec des éléments comme la menace chimique ou le terrorisme en toile de fond. Il aurait été plus aisé pour ses créateurs de jouer la carte de la série sérieuse.  « – Ok ça parle des vampires, mais tu vois c’est pour dire autre chose de plus intelligent Bla, bla, bla…  » Et qui aurait permis à la plupart des critiques de se pignoler sur la série, et de pouvoir dire qu’ils ont regardé The Strain sans en avoir honte lors d’un repas de famille.

Mais voilà, tout ça Del Toro il s’en fout comme son tout premier burrito ! Ce qui lui importe, à lui, c’est de délivrer un divertissement à la hauteur des attentes des vrais fans de genre. Et sur ce point, les amis, on est servi ! Outre le fait qu’on retrouve toutes les obsessions du cinéaste (scène de dissection, mutations génétiques, insectes plus ou moins visqueux), le pilote délivre pas mal de séquences gores ou malsaines assez stylisées. Mieux, on retrouve dans la série des éléments qui me plaisaient beaucoup à l’écrit, comme le jeu avec les codes du genre vampirique à la fois renouvelés, et gardant les aspects « traditionnels » les plus démodés. Alors qu’aujourd’hui on aperçoit sur grand écran des vampires qui ne craignent même plus la lumière, The Strain, nous renvoie au mythe même du suceur de sang, du cercueil avec la terre du pays d’origine jusqu’au caractère épidémiologique du vampirisme (traité ici comme un virus).

Bon, évidemment tout n’est peut-être pas parfait dans ce pilote. Certains personnages restent encore à développer. On attend encore l’arrivée de certains enjeux pour être véritablement convaincu. Mais quelle bonne entrée en matière en tout cas !

A vous maintenant de nous dire ce que vous, vous en avez pensé, dans les commentaires en dessous, ou sur twitter et/ou facebook.

On se retrouvera à la fin de cette première saison, pour en faire le bilan.

L’île de Giovanni – Critique

L’île de Giovanni – Critique

Un film d’animation japonais est toujours un événement lorsqu’il arrive dans nos salles ! Surtout si celui-ci nous fait passer un moment fort…

L’île de Giovanni nous raconte une histoire vraie, ce qui est finalement rare dans l’animation japonaise. Bien sûr, nous pourrions nous rappeler du Tombeau des lucioles d’Isao Takahata, qui revenait également sur la guerre et le point de vue de l’enfant. Les deux films ont d’ailleurs quelques similitudes, mais ne vous y trompez pas, ils sont extrêmement différents. En effet, le studio Ghibli a imposé sa pâte graphique récurrente dans la quasi-totalité des œuvres qu’il a produit. Dans le cas de Production IG, tout dépend des techniciens qui officient sur les séries et les long métrages. Cependant, l’aspect numérique est toujours mis en avant depuis que Patlabor 2 et Ghost in the shell ont été produits.
Nishikubo Mizuo réalise donc un film d’une majestueuse poésie. Le spectateur assimile parfaitement ce récit biographique qui oscille toujours entre imaginaire et drame humain. Le réalisateur n’en était pas à son premier coup d’essai au sein du studio. Après avoir travaillé sur plusieurs séries, films et OAVs pour différents studios, il a participé à bon nombre de projets importants. Mais on pouvait tout de même s’attendre au pire après un Musashi : The Dream of the Last Samurai, un film-arnaque qu’il avait réalisé en 2009 (Notons que Mamoru Oshii, le réalisateur de Ghost in the shell et pilier du studio, était le scénariste, soit le co-arnaqueur).
Mais pour l’île de Giovanni, la donne change ici car le matériau originel est solide.

L’histoire vraie, témoin d’un choc.

L’occupation Russe au Japon d’après-guerre reste très peu exploitée au cinéma. C’est une bonne manière de voir que la procédure fût bien différente de celle employée par les américains. Aussi, l’aspect humain est mis en avant, chaque personnage porte fièrement son pays dans son cœur et a sa propre manière de l’inculquer aux enfants.
Le film est un pur moment d’histoire et de civisme. L’aspect humain est mis en avant au point que chaque personnage porte fièrement son pays dans son cœur et à sa façon. Mais ce qui est vraiment frappant, c’est le portrait des japonais. Leur passivité, due à l’occupation, contraste avec cette fierté légendaire qui leur ferait faire des folies. Deux personnages sont alors importants, deux exemples pour cette jeune génération : le père, un soldat extrêmement rigide, et l’oncle, un civil porté sur la décontraction. Tous deux se battent à leur manière pour sauver leurs valeurs.
Les personnages sont fouillés et leur authenticité est très touchante. On sort clairement du cliché de l’occupant et de l’occupé pour se concentrer sur un choc des cultures. Ainsi, le Russe n’a pas sa part de « monstre » qu’il pourrait véhiculer en s’imposant fièrement au pays du Soleil-Levant. Et tout ça, c’est grâce au regard particulier que l’enfant pose sur le monde…

L’histoire vraie, témoin de l’innocence

Se mettre du point de vue de l’enfant, pur et naïf, est toujours sensibilisant. Les jeunes sont ici happés par la guerre et ses conséquences. Deux frères doivent faire face au sort les forçant à grandir trop vite. Cette formule a fait ses preuves, que ce soit dans le Tombeau des Lucioles, les deux films de Gen D’Hiroshima, ou même la série L’autre monde. L’horreur est toujours plus prenante lorsque que l’innocence y est confrontée. En contrepartie, cette dernière peut aussi offrir des moments de rêverie plus qu’indispensables. Dans L’île de Giovanni, ces enfants gardent en eux l’espoir. Ils ne se doutent ni se méfient de rien. Cette absence de barrière nous permet donc d’intégrer un foyer « ennemi » grâce à une idylle très douce. L’ainé de la famille japonaise s’éprend de la fille unique d’une famille russe qui occupe sa maison.

Visuellement, le film arrive a se démarquer en proposant des décors atypiques à l’aide de formes plus simples aux textures rappelant des livres pour enfants, le tout aidé par des images de synthèse parfaitement incrustées. En plus d’être un détail délicat rappelant l’univers féerique de l’enfance, c’est aussi une pure prouesse technique qui reviendra surement dans des films à venir. Pour ce qui est du design des personnages, c’est autre chose. A trop vouloir simplifier les visages, le film arrive souvent à enlaidir la beauté. Je m’explique : Cette jeune russe, qui devrait être magnifiée par le héros, est assez repoussante. Soyons franc, le travail d’Itou Nobutake, à la mode ces derniers temps, convient principalement à des réalisateurs comme Yuasa Masaaki (Ping Pong, The Tatami Galaxy) qui partent régulièrement dans l’excentricité. C’est vraiment navrant au vu de la qualité globale du film. L’animation est très fluide et la mise en scène capte sans cesse notre soif de connaissance et arrive habilement à jouer avec nos émotions.

Ne vous attendez pas à un oeuvre choc ni à un film dominé par l’action. Sachez juste que vous en sortirez émerveillé, déchiré et revitalisé. Une petite perle qui n’a l’ambition que de partager un moment fort avec des personnages forts.

Philippe Bunel

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L’île de Giovanni (2014)
Réalisé par Nishikubo Mizuho.
Distribution  : Eurozoom

Critique – Goal of the Dead

Critique – Goal of the Dead

Quel étrange projet que ce Goal of the Dead ! Depuis son annonce, on pouvait être en droit de se poser des questions. Un film d’horreur à base de zombies (ou « infectés ») ? Encore ? Un mix improbable entre l’univers du football et celui de 28 semaines plus tard à quelques mois de la Coupe du monde ? Tout cela sentait le concept un peu trop malin, qui aurait vite fait de se prendre les pieds dans ses propres contradictions. Car la vraie ambition de ce diptyque, s’il y en a une, c’est de vouloir sortir le cinéma de genre de son communautarisme un peu trop étouffant, et de lui redonner une dimension populaire. Il y a quelques années, La Horde dont Benjamin Rocher était déjà le co-réalisateur avait essayé de s’y  frotter. Pourtant, force est de constater que malgré ces quelques craintes, Goal of the dead plus qu’une réussite, peut clairement se voir comme l’une des rares comédies horrifique à la française de qualité.

Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match amical à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection, semblable à la rage, allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel – l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss-le prodige arrogant, Coubert – l’entraîneur dépressif, ou Solène – la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie…

La première chose qui fait du bien dans Goal of the dead, c’est le soin apporté au scénario. L’univers du football y est abordé avec assez de distance et rien ne vous oblige à aimer le ballon rond pour profiter du spectacle. Les deux films versent clairement du coté des comédies geek réalisé par Edgar Wrigth. Que ce soit dans son humour, ou dans sa manière d’aborder la partie horrifique du film avec autant de sérieux que la partie comique, et ça, sans y perdre sa particularité franchouillarde. Une version déviante d’A mort l’Arbitre de Mocky à la sauce Trauma en somme. L’histoire de Samuel, personnage central interprété par un Alban Lenoir très en forme, guide clairement la destinée des deux films. De révélations en confrontations, il s’inscrit dans la lignée d’un Shawn (of the dead), et rend son histoire tout aussi intéressante avant et après l’arrivée du facteur horrifique.

Et puis bon, le principal c’est que le film est drôle. On y rit avec les personnages, on prend du plaisir à voir certains des joueurs et supporters se faire vomir dessus par une horde de zombies enragés. Si vous avez pu voir et apprécier une série comme la Lazy Company, produite par la même équipe et interprétée par une bonne partie des mêmes acteurs, vous serez en terrain connu. On pense aussi à Atomik Circus et son gore qui tache, qui n’avait hélas pas trouvé son public à l’époque. Pas étonnant, du coup, que l’un des frères, Thierry Poiraud, soit au commande du second chapitre. Goal of the dead profite aussi du savoir faire des deux réalisateurs qui sont loin de vouloir y signer une simple comédie à base de sketchs « multicam ». Non ! Le visuel du film est léché, sa musique aux vibrassions « Carpenteresque » fait du bien, les effets gores vraiment « gore ».

La distribution du film est elle aussi assez originale. Clairement refroidi par l’accueil mitigé des exploitants de salles quant il s’agit de passer des films de genre, le distributeur a eu la (bonne) idée de s’inspirer de réalisateurs comme Kevin Smith qui avait lui-même exploité son film Red Sate en salle comme un évènement, à la manière d’un cinéma itinérant. Le diptyque passera donc chaque jeudi soir au cinéma les 3 Luxembourg à Paris avec quelques fausses bandes annonces surprises en prime. Un double programme « grindhouse like » qui va ensuite effectuer une petite tournée dans plusieurs villes (Lyon, Nice) avant de sortir directement en vod et dvd avec une diffusion exceptionnelle sur Canal +. Une manière de faire vivre le cinéma de genre autrement.

Critique – La Belle et la Bête

Critique – La Belle et la Bête

Attendu ou redouté, La Belle et la Bête sort ce mercredi dans les salles ! Un grand blockbuster « à la française » qui a mis les moyens pour essayer de renouveler l’un des contes les plus célèbres du monde.

La Belle et la bête était l’un des films que j’attendais le plus en ce début d’année. Pas forcément pour le conte, qui a déjà été superbement adapté par Disney et Cocteau, mais plus pour son réalisateur Christophe Gans qui revient après un long hiatus de 8 ans sans films.  – Silent Hill remontant quand même à 2006  ! – Il faut dire que l’ancien rédacteur de Starfix a  joué de malchances avec plusieurs projets avortés, pourtant très « très » prometteurs, comme un Fantomas 3D, ou les adaptations de Bob Maurane et de Rahan ! Des projets qui, il faut bien l’avouer, étaient bien plus excitant sur le papier que cette énième adaptation ! Mais bon, passons …


Christophe Gans a beau être idolâtré pour son travail sur Starfix et HK, sa filmographie fait beaucoup moins rêver.  Personnellement,  je l’ai toujours défendu.  Car même si son court métrage Necronomicon, ou son film Crying Freeman sont aux mieux des œuvres maladroites,  Le Pacte des Loups avait eu le mérite de foutre un grand coup de pied au cinéma de genre hexagonal ! Un one shot gonzo qui assumait son coté nawak,  et qui fut l’un des rares film français de genre, si ce n’est le seul, a avoir vraiment remporté un succès public. Quant à Silent Hill, c’est sûrement l’une des adaptations les plus honorables d’un jeu vidéo au cinéma, d’ailleurs La Belle et la Bête ne manque pas d’y faire souvent référence notamment via les flashbacks.

Ce qui était vraiment agréable, c’est qu’à chaque nouveau projet, on avait l’impression que Gans s’affirmait de plus en plus comme un réalisateur à suivre.  Hélas, La Belle et la bête,  même si il n’est pas entièrement raté, est un petit pas en arrière dans sa carrière.

Bon, on va pas jouer plus longtemps le suspens. La Belle et la Bête version 2014 est loin d’être une réussite. Hélas, car malgré sa tenue visuelle exceptionnelle, et je pèse mes mots, le métrage pâtît d’un scénario approximatif qui n’a de cesse de faire tourner en rond son intrigue. Clairement, on se demande si Christophe Gans s’intéresse vraiment à son histoire, et même s’il n’a pas choisit le projet à défaut ou par nécessité de filmer.  En témoigne la mis en chantier très rapide de la production.

Car même si on comprend qu’un film de cette envergure ait besoin de plaire à tout le monde, attirant enfants et seniors, difficile de ne pas grincer des dents devant certaines séquences ultra guimauve. Et alors que Gans tient un visuel très puissant qui fait de la bête un descendant des loups garous et des Dracula de la Hammer, on n’est jamais inquiété par sa présence ni son physique. Il faut dire que les C.G.I. de la créature sont les moins réussis du film. Personnellement, je regrette un peu que le choix d’un maquillage en prothèse n’est pas été envisagé. Les défauts de la créature amoindrissant le visuel général du film. Certaines séquences du  Disney me paraissant même bien plus effrayantes par bien des aspects.

Il y a aussi un vrai souci d’équilibre dans le scénario. On passe quasiment les premières vingt minutes sans voir la bête, et à peine Belle. Du coup, on se tape un film annexe avec André Dussolier en personnage principal. Et quand enfin l’intrigue démarre, il est déjà bien trop tard ! Surtout que Belle n’a pas grand-chose à faire ou à dire durant le film. En réalité, il manque une sorte de fil rouge plus marqué, qui permettrait au personnage d’avoir des objectifs clairs. A défaut, la « trop rapide » histoire d’amour entre Belle et la bête devient très difficile à croire.

Malgré tout, le film a de vraies qualités. Et franchement ça me fait chier de critiquer un film qui a le courage et les ambitions de faire un vrai récit fantastique en langue française avec un travail poussé sur son univers. Si je ne suis pas du tout rentré dans son histoire, j’avoue avoir été assez subjugué par ses décors, son design et son imaginaire. Gans, surtout à travers les flashbacks de Vincent Cassel en humain, prend un parti pris très intéressant par rapport au conte. Lui redonnant un coté plus païen, plus mythologique, presque germanique, avec un dieu de la forêt et des géants de pierre. On sent l’influence des jeux vidéo. On pense beaucoup au dernier Castlevania par exemple, mais aussi au Kaju Eiga, à Guillermo del Toro, ou au Château dans le ciel de Myazaki. Gans a clairement un talent pour mettre en scène un univers cohérent et c’est un des rares réalisateurs français capable de motiver une équipe pour donner corps à ses ambitions. Mais hélas, les séquences les plus puissantes, notamment avec les géants vus dans la bande annonce, sont bien trop courtes et arrivent un peu tard.

Clairement, on est un peu le cul entre deux chaises quant au sort du film. Le cinéma français de genre est tellement mal au point, que voir un film fantastique pour un budget dérisoire par rapport aux blockbusters américains, écraser esthétiquement un Alice de Burton, prouve au moins qu’il possible de faire avec nos moyens des vrais films d’aventure sans en avoir honte. Et ne pas soutenir un projet comme celui-ci, malgré ses très gros défauts, serait irresponsable. Tant un succès public pourrait apporter énormément à un cinéma français qui tourne toujours de plus en plus en rond. Alors mon conseil, c’est d’aller voir le film malgré ses défauts, il vaut clairement l’achat d’un billet, et même si il n’est pas à la hauteur de nos attentes, il a l’avantage de nous redonner un peu d’espoir dans nos capacités à faire du fantastique en France.

Romain Serir