Critique – Goal of the Dead

Critique – Goal of the Dead

Quel étrange projet que ce Goal of the Dead ! Depuis son annonce, on pouvait être en droit de se poser des questions. Un film d’horreur à base de zombies (ou « infectés ») ? Encore ? Un mix improbable entre l’univers du football et celui de 28 semaines plus tard à quelques mois de la Coupe du monde ? Tout cela sentait le concept un peu trop malin, qui aurait vite fait de se prendre les pieds dans ses propres contradictions. Car la vraie ambition de ce diptyque, s’il y en a une, c’est de vouloir sortir le cinéma de genre de son communautarisme un peu trop étouffant, et de lui redonner une dimension populaire. Il y a quelques années, La Horde dont Benjamin Rocher était déjà le co-réalisateur avait essayé de s’y  frotter. Pourtant, force est de constater que malgré ces quelques craintes, Goal of the dead plus qu’une réussite, peut clairement se voir comme l’une des rares comédies horrifique à la française de qualité.

Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match amical à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection, semblable à la rage, allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel – l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss-le prodige arrogant, Coubert – l’entraîneur dépressif, ou Solène – la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie…

La première chose qui fait du bien dans Goal of the dead, c’est le soin apporté au scénario. L’univers du football y est abordé avec assez de distance et rien ne vous oblige à aimer le ballon rond pour profiter du spectacle. Les deux films versent clairement du coté des comédies geek réalisé par Edgar Wrigth. Que ce soit dans son humour, ou dans sa manière d’aborder la partie horrifique du film avec autant de sérieux que la partie comique, et ça, sans y perdre sa particularité franchouillarde. Une version déviante d’A mort l’Arbitre de Mocky à la sauce Trauma en somme. L’histoire de Samuel, personnage central interprété par un Alban Lenoir très en forme, guide clairement la destinée des deux films. De révélations en confrontations, il s’inscrit dans la lignée d’un Shawn (of the dead), et rend son histoire tout aussi intéressante avant et après l’arrivée du facteur horrifique.

Et puis bon, le principal c’est que le film est drôle. On y rit avec les personnages, on prend du plaisir à voir certains des joueurs et supporters se faire vomir dessus par une horde de zombies enragés. Si vous avez pu voir et apprécier une série comme la Lazy Company, produite par la même équipe et interprétée par une bonne partie des mêmes acteurs, vous serez en terrain connu. On pense aussi à Atomik Circus et son gore qui tache, qui n’avait hélas pas trouvé son public à l’époque. Pas étonnant, du coup, que l’un des frères, Thierry Poiraud, soit au commande du second chapitre. Goal of the dead profite aussi du savoir faire des deux réalisateurs qui sont loin de vouloir y signer une simple comédie à base de sketchs « multicam ». Non ! Le visuel du film est léché, sa musique aux vibrassions « Carpenteresque » fait du bien, les effets gores vraiment « gore ».

La distribution du film est elle aussi assez originale. Clairement refroidi par l’accueil mitigé des exploitants de salles quant il s’agit de passer des films de genre, le distributeur a eu la (bonne) idée de s’inspirer de réalisateurs comme Kevin Smith qui avait lui-même exploité son film Red Sate en salle comme un évènement, à la manière d’un cinéma itinérant. Le diptyque passera donc chaque jeudi soir au cinéma les 3 Luxembourg à Paris avec quelques fausses bandes annonces surprises en prime. Un double programme « grindhouse like » qui va ensuite effectuer une petite tournée dans plusieurs villes (Lyon, Nice) avant de sortir directement en vod et dvd avec une diffusion exceptionnelle sur Canal +. Une manière de faire vivre le cinéma de genre autrement.